Extrait du récit de Robert Mégnin      

Du 11 avril au 17 juin 1940 : officier de tir dans une batterie de 75 mm, entre Michelbach-leBas et Blotzheim. Jusqu’au 10 mai, le calme, puis les tirs

Robert Mégnin, ancien combattant de 1939-1940, plus précisément sous-lieutenant au 159e régiment d’artillerie de Belfort, vécut les dix mois de la Seconde guerre mondiale dans le Sundgau. Il raconte l’attente et quelques faits d’espionnage qui ont précédé la débâcle.

« 1939-1940 : la Drôle de guerre telle que Robert Mégnin l’a vécue »

« Quelques tirs et c’est fini

Le 11 avril 1940, je quitte la casemate Georgette pour rejoindre une batterie de 75 mm, entre Michelbach-le-Bas et Blotzheim, à quelques kilomètres de Bâle. Jusqu’au 10 mai, c’est calme. C’est à partir de minuit ce jour-là que notre batterie d’artillerie (quatre canons de 75 mm) commence à tirer sans arrêt sur la rive allemande. Le lieutenant qui nous commande n’est autre que Léon Viellard, de Morvillars. Tous les matins, il part sur la crête où se trouve l’observatoire, d’où l’on voit très bien le Rhin ; il est relié à notre batterie par une ligne téléphonique qui court sur le sol. À midi, un homme lui porte son repas. Officier de 22 ans, sous-lieutenant, j’ai pour rôle de calculer les éléments sur les objectifs qui me sont désignés, direction et distance. Malheureusement, le bulletin météorologique de l’armée ne m’est jamais fourni. Nous sommes reliés à l’arrière au PC du capitaine Didier. 10 Tous les jours, une camionnette de l’intendance d’Altkirch nous apporte de la nourriture – nous sommes 40 – et une autre camionnette nous livre les obus et les fusées. L’observatoire, encadré par des taillis d’acacias, a été découvert par l’ennemi et il est soumis à des tirs continuels. Nos observateurs sont obligés de plonger dans l’abri, mais la ligne téléphonique est souvent coupée et, dès la rupture, j’envoie les deux soldats téléphonistes la réparer. L’un d’eux sera blessé dans le dos par un éclat d’obus. Nous n’avons pas de radio et nous ne savons pas ce qui se passe ailleurs, pas de visite du capitaine. On se sent un peu oubliés ! Mais il fait un temps splendide, pas de pluie, ce qui est appréciable car nous vivons sous des tentes. Tous les jours se ressemblent ; depuis avril les permissions ont été supprimées. Autour de nous, pas une troupe d’infanterie... Serions-nous seuls ? Le 17 juin, nous sommes les seuls à tirer encore. Le lieutenant nous a rejoints pour le repas du soir quand, à 18h, un cycliste lui remet un pli du capitaine Didier qui lui donne l’ordre de faire sauter nos canons à 22h et de rejoindre Altkirch à pied. Le cycliste nous apprend alors qu’il vient des Vosges, que nous sommes seuls dans la contrée depuis plusieurs jours. Quelle catastrophe ! Impensable, tout s’écroule. Le repas se passe en silence, chacun s’interroge : que se passe-t-il ? À 19h, l’adjudant Clerc prépare les capsules de fulminate, culasse fermée, capsule ajustée, un coup de percuteur, et le tout est soudé, inutilisable. Nous préparons nos sacs et valises que nous entassons sur une charrette à quatre roues, nous jetons un dernier coup d’œil à la position que nous occupions depuis quarante jours et nous partons, par une nuit claire, une vraie nuit d’été. »   

Lire le récit complet : http://www2.doubs.fr/Robert_Megnin.pdf

 

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